Il n’y a pas de semaine sans que Benyamin Nétanyahou ne dégaine une nouvelle arme pour atteindre son objectif : annexer la Vallée du Jourdain avec en ligne de mire l’ensemble de la Cisjordanie. Il ne s’en cache pas, il l’a inscrit dans son programme électoral.
Le 15 janvier c’est Naftali Bennett, ministre de la Défense, qui a annoncé la création de nouvelles réserves naturelles dans sept sites en zone C en Cisjordanie occupée – zone sur laquelle Israël exerce l’autorité militaire et administrative - et l’expansion de 12 autres. La création de « zones naturelles » est une des tactiques par laquelle Israël accapare et confisque les biens des Palestiniens. Une fois déclarées, ces zones sont interdites d’accès à leurs propriétaires palestiniens. D’autres terres peuvent être décrétées zones militaires. Beaucoup de ces zones sont ensuite redistribuées aux colons…
Selon l’ONG israélienne La Paix Maintenant, ces réserves totalisent environ 5 300 hectares, dont environ 40% sont des terres privées palestiniennes. « En vertu des lois israéliennes réglementant les réserves naturelles, les Palestiniens n’auraient donc pas le droit de cultiver leurs propres terres », a déclaré Hagit Ofran, codirectrice de l’observatoire de la colonisation.
Concrètement, sur le terrain, ces dernières semaines, des fermiers palestiniens ont déjà eu la surprise de se voir interdire l’accès à leurs terres, clôturées et gardées par l’armée israélienne.
Plus largement, les intentions du gouvernement de Benyamin Nétanyahou ne font aucun doute ; Naftali Benett a déclaré : « Nous renforçons la terre d’Israël et continuons à développer la colonisation israélienne dans la zone C, avec des actions et non des mots ». Il sait, contrairement à nos autorités, que ce qui compte, ce sont les actes et non les mots.
C’est ainsi que ces derniers mois, une nouvelle colonie a été implantée à Hébron au cœur de la ville palestinienne ; que des dizaines de milliers de nouveaux logements ont été programmés dans les colonies à Jérusalem-Est et en Cisjordanie ; que l’occupation a détruit des centaines de logements et structures palestiniennes en 2019 ; que chaque semaine des réseaux d’irrigation et des terres agricoles palestiniennes sont détruites par l’armée israélienne pour laisser place à de nouvelles routes d’apartheid, pour être redistribuées aux colons ou simplement pour leur rendre la vie impossible ; que le tramway de Jérusalem continue de se déployer accaparant de nouvelles terres et ancrant sur le terrain l’annexion illégale de la capitale de l’État de Palestine.
Alors que la 4ème convention de Genève qualifie la colonisation de crime de guerre, Donald Trump a donné en novembre dernier le feu vert à Benyamin Nétanyahou, par la voix de son secrétaire d’État, pour qu’il se sente tout à fait à l’aise dans cette violation permanente du droit qu’est la colonisation.
C’est dans cette situation, et en toute impunité, qu’Israël réprime quotidiennement toute résistance palestinienne à Jérusalem, à Gaza et en Cisjordanie, pratique des assassinats ciblés, arrête sans motif les leaders politiques palestiniens et s’en prend maintenant aux défenseurs des droits humains en Israël même.
Ainsi Jonathan Pollak, militant anticolonialiste israélien participant depuis des années aux cotés des Palestiniens aux protestations contre le mur et la colonisation, a été arrêté sur demande d’une organisation d’extrême droite et est toujours en prison. Et Naftali Bennett, ministre israélien de la Défense, vient d’ordonner à l’armée israélienne d’empêcher les militants israéliens anticolonialistes d’entrer en Cisjordanie.
C’est dans ce contexte que le président Macron va se rendre en Israël et en Palestine cette semaine. Nous espérons qu’il saura le prendre en compte, et qu’il ne renverra pas dos à dos l’opprimé et l’oppresseur. Il lui revient d’affirmer de manière claire la primauté du droit face au fait accompli et à la loi du plus fort.
Le Bureau National de l’AFPS, le 20 janvier 2020